Big Norm était le batteur de notre groupe de jazz. Mais il était aussi, et surtout, mon ami. En général, les jazzmen considèrent l’opéra comme étant un art très peu viril. D’ailleurs, Big Norm ne chantait pas ; ni jazz, ni pop, ni quoi que ce soit d’autre. C’est du moins ce qu’il prétendait.
Un soir, après un repas bien arrosé, alors que j’entamais maladroitement une chanson de Pavarotti, Big Norm m’arracha le micro des mains et, à la surprise générale, nous offrit une interprétation absolument divine. Quelques digestifs l’aidèrent à nous avouer qu’il se cachait pour chanter de l’opéra. Diane, sa femme, était bouche bée. Même elle, sa compagne de vie, n’était pas au courant.
Quelques verres supplémentaires me permirent d’obtenir de lui une vague promesse de venir enregistrer cette chanson chez moi, ce qu’il fit, à la suite de mes nombreux rappels, peu avant sa mort. Je vous présente aujourd’hui le résultat.
Aller, Big Norm. Plus besoin de te cacher maintenant.
PierrO
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Chacune de mes larmes porte le nom de quelqu'un que j'ai aimé. Chacun de mes sourires porte le nom de quelqu'un que j'aime.PierrO